Autisme

Définitions des Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA)

L’autisme est un trouble neurodéveloppemental dont les altérations peuvent s’atténuer avec une prise en charge adéquate mais dont on ne peut pas guérir ! Il atteint 1 % de la population, 4 fois plus de garçons que de filles. Parmi ce pourcentage, 35-40 % ont une déficience intellectuelle alors que 60-65 % ont une intelligence normale à supérieure (syndrome d’Asperger ou autisme de haut niveau). Aujourd’hui, toutes les formes d’autisme sont regroupées sous le terme « Troubles du Spectre de l’Autisme » (TSA).

Les TSA regroupent des caractéristiques classées en deux catégories, que l’on appelle « dyade », selon le DSM-V :

Cette dyade reprend trois termes mis en lumière par Utah Frith, psychologue anglaise spécialisée dans l’autisme, que sont les altérations de la théorie de l’esprit, les altérations de la cohérence centrale et les altérations des fonctions exécutives. Elle expose également les aspects sensoriels.

Les TSA regroupent des caractéristiques classées en deux catégories, que l’on appelle « dyade », selon le DSM-V :

Troubles de la théorie de l’esprit

Selon Utah Frith, la théorie de l’esprit consiste en la capacité à attribuer des états mentaux à autrui, c’est-à-dire à se faire une idée de ce que pense autrui, des croyances auxquelles il adhère, de comprendre en fonction de cela le sens de son action et, dans une certaine mesure, de prédire ce que pourrait faire l’autre dans telle ou telle situation.

On peut ainsi dire qu’une personne atteinte de TSA a de la peine à faire preuve d’empathie, à prendre en compte ce que les autres savent et à anticiper ce que les autres peuvent penser de ses actions, à comprendre les règles/convention, à lire le niveau d’intérêt des autres pour son discours, à détecter l’intention, à décoder les expressions.

Cela amène la personne atteinte de TSA à éprouver des difficultés lorsqu’il faut interagir avec autrui. Les compétences sociales qu’un individu neurotypique, c’est-à-dire un individu sans autisme, apprend intuitivement doivent être apprises intellectuellement par un personne atteinte d’autisme. L’énergie que cela prend à la personne avec autisme pour tout apprendre engendre une grande fatigue qui peut occasionner des crises nerveuses, une dépression, de l’isolement, etc.

La personne atteinte de TSA a tendance à interpréter un mot/une phrase au sens littéral. Cela peut révéler des situations cocasses, mais bien souvent la personne avec TSA se sent en décalage ou angoissée. La langue française étant truffée d’expressions à double sens, la personne atteinte de TSA, qui bien souvent pense en image, peut ne pas comprendre ce qu’émet son interlocuteur. Par exemple, lorsque l’on dit à une personne atteinte de TSA qui ne sait pas la bonne réponse « tu donnes ta langue au chat ? », elle imagine qu’on va lui couper la langue pour la donner au chat. Une grande angoisse peut découler de ce genre de situation.

Un autre type de langage qui peut dérouter la personne avec TSA est lorsque par exemple on lui dit « regarde-moi quand je te parle ! ». Elle regarde alors son interlocuteur mais ne l’écoute pas car elle exécute la consigne demandée et puisqu’elle a tendance à utiliser un canal sensoriel à la fois, elle n’imagine pas qu’elle doive la regarder ET l’écouter.

Troubles de la cohérence centrale

Selon Utah Frith, la personne atteinte de TSA présente un déficit au niveau du traitement global de toutes les informations reçues. Autrement dit, elle privilégie les détails et a une faible capacité à percevoir les informations dans leur globalité.

Une faiblesse de la cohérence centrale amène la personne atteinte de TSA à rechercher la sécurité dans les actes répétitifs. Souvent, elle s’en tient à ce qu’elle connaît ; les changements lui font peur. Ainsi, la personne avec TSA peut éprouver des difficultés dans la souplesse de l’action. Elle peut également avoir des difficultés à généraliser une compétence d’un contexte à un autre. Il arrive aussi souvent qu’elle ait des difficultés dans le domaine temporel.

Un cerveau neurotypique attribue constamment un sens à tout, la plupart du temps, au niveau subconscient. Pour vivre dans notre environnement, la personne atteinte de TSA doit trouver un sens à tout. Cela engendre une grande fatigue, à nouveau.

Troubles des fonctions exécutives

Selon Utah Frith, les fonctions exécutives ou les fonctions de contrôle sont des mécanismes de pensée cruciaux pour la planification des actions et la résolution adéquate d’un problème. Elles comprennent notamment la capacité à planifier étape par étape, le contrôle des impulsions, l’inhibition des réponses erronées, l’adaptation de stratégies, la faculté de pouvoir chercher des solutions de manière organisée et le contrôle de soi.

Ces fonctions exécutives peuvent dysfonctionner plus ou moins fortement selon les personnes atteintes d’autisme.

Malgré qu’on entende souvent parler d’une mémoire exceptionnelle chez la personne avec TSA, celle-ci ne concerne en réalité que la mémoire à long terme. La mémoire à court terme, gérée par les fonctions exécutives, est malheureusement bien trop souvent altérée chez la personne avec TSA. Ainsi, il arrive fréquemment qu’elle ne sache plus ce qu’elle doive faire, ce qu’on attend d’elle et risque de manifester de l’angoisse. C’est pourquoi il est important qu’elle puisse en tout temps se raccrocher à un système visuel de tâches pour lui rappeler ce qui suit/est attendu d’elle.

Aspects sensoriels

La personne avec TSA peut parfois manifester des crises d’une grande intensité qui peuvent s’expliquer par des troubles sensoriels. On remarque que la personne atteinte de TSA peut réagir par une hypo ou une hypersensibilité des systèmes visuel, auditif, tactile, gustatif, olfactif, vestibulaire (équilibre) et proprioceptif (perception du corps dans l’espace).

L’hypersensibilité se traduit généralement par une recherche d’isolement, par un évitement des stimuli. L’hyposensibilité se traduit quant à elle par des comportements de recherche de sensation.

Résumé des troubles fréquemment associés aux TSA

Avoir un fonctionnement de type haut potentiel intellectuel (HPI) signifie traiter les informations et raisonner d’une manière particulière. Ce fonctionnement n’est pas assimilé à un diagnostic du DSM-V.

Le haut potentiel se caractérise généralement par un quotient intellectuel supérieur ou égal à 130. Ce fonctionnement est une composante innée, correspondant à un développement neurobiologique spécifique.

Le haut potentiel peut se révéler dès le plus jeune âge chez des enfants ayant des acquisitions précoces dans certaines compétences, telles que langagières ou neuromotrices. Alors que le profil masculin peut se caractériser davantage par des colères ou des crises lors de l’enfance, celui féminin est plutôt décrit comme une sur-adaptation aux normes sociales.

Les capacités mnésiques sont une composante du haut potentiel, suscitant un très fort maintien des informations et une rapidité dans l’acquisition des apprentissages. Le cerveau des HPI est dès lors plus rapide et plus efficace.

Outre ces aspects intellectuels, les personnes HPI peuvent se montrer très sensibles à l’environnement affectif et émotionnel de leur entourage. Cette hypersensibilité peut se caractériser par de fortes réactions émotionnelles. La créativité peut également être présente chez ces personnes, tout comme l’engagement intense dans une activité selon le modèle de Renzulli. A noter que toute personne ayant un fonctionnement HPI est différente et que certaines caractéristiques ne se retrouvent pas dans tous les profils.

Il existe dans la littérature scientifique des données concernant la forte probabilité de comorbidité entre un haut potentiel et un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Les premiers signes du TDA/H apparaissent rapidement dans le développement des enfants au vu de sa composante neuro-développementale. L’inattention et/ou l’hyperactivité et l’impulsivité sont les trois aspects principaux de ce trouble.

L’inattention se décrit comme une difficulté accrue à maintenir son attention dans une tâche, associée parfois à des difficultés au niveau de la mémoire de travail et des fonctions exécutives.

L’hyperactivité motrice, quant à elle, se rattache davantage au fait que les personnes TDA/H ont de la peine à rester calmes, sans mouvement moteur, provoquant donc un impact fonctionnel sur leur quotidien.

Puis, l’impulsivité motrice ou cognitive se caractérise par des comportements trop intenses, persistants et inappropriés aux contextes qui sont liés à un déficit d’inhibition.

Il est important de souligner la fluctuation de ces comportements en fonction de l’environnement. Ceux-ci peuvent en contrepartie impacter la sphère sociale des personnes TDA/H, spécifiquement dans les relations interpersonnelles. Au niveau de la coordination motrice, elles sont par ailleurs davantage susceptibles d’être confrontées à certaines difficultés, comme celles graphiques. De plus, les personnes TDA/H sont aussi impactées dans leur régulation émotionnelle, notamment au niveau de la colère.

Quant aux troubles « dys », ils regroupent différents troubles de la motricité et des apprentissages dans le DSM-V, suscitant des difficultés dans les acquisitions précoces et scolaires. Ces aspects sont dus au développement neurologique des enfants.

Ces troubles cognitifs d’apprentissage sont multiples : Dyslexie, Dysorthographie, Dyscalculie, Dyspraxie, Dysgraphie ou encore Dysphasie. Ils ne sont donc nullement liés au quotient intellectuel en tant que tel et sont également permanents dans le développement des personnes.

Ils impliquent des difficultés dans les domaines de la lecture, de l’écriture, de l’orthographe, des calculs, de l’expression, de la motricité ou de la visuo-spatialité. Il est fréquent que ces troubles soient multiples chez une même personne. Ces troubles de l’apprentissage sont nommés « spécifiques » au vu de leur expression dans un cadre précis.